Notre Dame de la Merci en Tremel (22)

Suite au terrible incendie qui a ravagé l’église Notre Dame de La Merci de Trémel (22) le 21 juin 2016, les travaux de reconstruction ont démarré un an après pour se finir à l’été 2022, avec pour objectif de reconstruire ce joyau du XVIème siècle à l’identique. Le coût total de ces travaux s’est élevé à près de 4 millions d’euros.

Durant cette période, François Le Rouge de Guerdavid a été en étroite relation avec l’Architecte des Bâtiments de France, Monsieur Christophe Amiot, ainsi que Madame Thérèse Bourhis, alors Maire de Trémel.

Une présence marquée des Le Rouge

L’église Notre Dame de La Merci, réalisée par l’atelier Philippe Beaumanoir de Morlaix, date de la fin du XVème siècle. Classée monument historique en 1910, elle est de style gothique flamboyant.

Cet édifice offre un témoignage important de la présence des Le Rouge sur cette commune, par le biais de plusieurs branches et rameau : Le Rouge d’Ancremel, Le Rouge de Trébriand et Le Rouge de Guerdavid.

A travers la présence de nombreux blasons sur l’autel de la chapelle Nord, dite chapelle des Le Rouge, des frontons extérieurs de l’abside ainsi que sur la voûte de la nef de l’église, comme sur les vitraux, les familles affiliées Jourdain de Kermerzit, Quelen, Le Gentil de Rosmorduc et Walsh de Serrant marquent de leurs empreintes des nombreuses unions datant dès le XVème siècle, puis aux XIX et XXème siècles.

Le 10 juillet 2022, une première messe a été célébrée par l’évêque de Tréguier Monseigneur Moutel, en présence des autorités et plus de 300 fidèles. Le comte de Rosmorduc et le comte de Guerdavid représentaient la famille.

De nombreuses alliances figurant dans le chevet

Les trois vitraux du chevet de l’Église sont couronnés en leur sommet par différentes alliances familiales.

Baie centrale - Armes Le Gentil de Rosmorduc et Le Rouge de Guerdavid.

Sur la baie centrale dominent les armes Le Gentil de Rosmorduc et Le Rouge de Guerdavid.

Ces armoiries sont celles de Ernest-Adolphe-Georges-Charles-Ange le Gentil, comte de Rosmorduc, fils d’Ernest-Albert Le Gentil comte de Rosmorduc et de Helena van der Plaat van Honswijk, né le 19 septembre 1859 à Bilt aux Pays-Bas, décédé à Rosmorduc le 26 février 1941. Il se marie le 4 octobre 1890 à Versailles avec Berthe-Pauline-Marie-Joseph Le Rouge de Guerdavid, née le 31 mai 1860 au château de Keraël à Botsorhel (29). Elle décède à Paris le 3 juin 1911, et est inhumée à Logonna (29).

Berthe Le Rouge de Guerdavid est la fille de Casimir Le Rouge comte de Guerdavid et de Émilie Walsh de Serrant. D’où la référence aux deux saints (Georges et Berthe) représentés sur les vitraux.

Signalons qu’à la fin du XIXème, par « coquetterie » les armes des Guerdavid ont été simplifiées, la merlette n’étant plus « becquée et membrée de gueules ». En réalité, la présence du bec et des membres de couleur rouge n’est pas anodine. Ce sont les armes d’origine de toutes les familles Le Rouge, dont les le Rouge de Guerdavid sont les aînés depuis la fin du XVème siècle.

Sur le vitrail de gauche, nous pouvons apercevoir les armoiries de Ernest-Albert Le Gentil, comte de Rosmorduc (1821-1894) et de son épouse Helena-Margaretha van der Plaat van Honswijk (1819-1903), fille de Johan Pieter van der Plaat, jonkheer van Honswijk et de Maria-Vincentia Decker d’ursum (les van der Plaat van Honswijk sont une famille de la noblesse hollandaise, originaire de la province d’Utrecht, aux Pays-Bas).

D’où la référence aux deux saints (Ernest et Hélène) représentés sur les vitraux.

Baie de gauche - Armes de Ernest-Albert Le Gentil, Comte de Rosmorduc et de son épouse Helena-Margaretha van der Plaat van Honswijk

Baie de droite - Armes de Casimir-Marie Le Rouge, comte de Guerdavid

Sur la baie située à droite, nous pouvons découvrir les armoiries de Casimir-Marie Le Rouge, comte de Guerdavid, né à Morlaix le 24 janvier 1813. Page du roi en 1829 et 1830, il fut désigné maire de Botsorhel par le préfet du Finistère le 4 septembre 1865. Conseiller général du Finistère, il obtint notamment l’arrêt du train Paris-Brest à la gare du Ponthou. Il mourut à Ancremer en Plouigneau le 13 mai 1879. Particulièrement cultivé, il est l’un des fondateurs de la Société d’Etudes du Finistère, et entretient notamment une grande amitié avec l’écrivain, génial savant et précurseur de l’aviation, Gabriel de La Landelle. Il épousa le 23 avril 1849 à Bouvron, en Loire- Atlantique, Émilie-Caroline-Berthe Walsh de Serrant, née le 6 novembre 1824, et décédée à Nantes le 18 février 1910, dans son Hôtel. Issue d’une prestigieuse maison irlandaise acclimatée en Bretagne, elle était la fille de Jean-Marie-Joseph-Gabriel-Barnabé Walsh, vicomte de Serrant, chevalier de Saint-Louis et d’Anne- Caroline Fourché de Quéhillac

D’où la référence aux deux saints (casimir et Berthe) représentés sur les vitraux.

La chapelle Nord dite « chapelle des Le Rouge »

Les armes figurant sur l’autel sont celles d’Anne Le Rouge d’Ancremel, épouse par contrat en 1478-79 de François de Quelen, et fille de Maître Guyon Le Rouge, seigneur d’Ancremel, né vers 1440 et d’Ysabeau de la Lande, dame de Kerveguen, décédée en septembre 1477. Guyon serait le parrain de Jehan Le Rouge de Trébriand cité ci-dessus.

Par ailleurs, la marraine était Amette Toupin, dame de Lesmaes. Or ce sont les armes de ces mêmes Toupin qui figurent sur le pignon central de l’Eglise, partagée avec celles des Jourdain de Kermerzit.

Sur le vitrail, on peut observer sur le blason d’Ancremel un canton en haut à gauche.

Ce détail explique sans doute certaines lectures de ces armes en celles des Le Rouge de Trébriand. Pourtant, l’union en question ne semble pas provenir de ce rameau.

Il faudrait donc l’interpréter avec prudence. D’autant que les deux saints représentés, seraient l’une (Elisabeth) en référence à la mère d’Ernest Le Gentil de Rosmorduc, et l’autre (Joachim pour Jean) en référence au père de son épouse Héléna van der Plaat van Honswijk, tous deux précédemment nommés.

La chapelle Nord dite « chapelle des Le Rouge » - Armes d’Anne Le Rouge d’Ancremel